Écriture et Langue égyptienne (par Raymond Monfort)
A travers une longue expérience, je m’aperçois qu’il y a souvent confusion pour les ‘hiéroglyphes’ entre écriture et langue.
L’écriture est le support de la langue, et elle apparait vers 3150 avant J.C., selon les dernières découvertes de Dryer en Abydos [Malaise-Winand p.5+].
Ecriture
Pour l’écriture il faut distinguer cinq types :
Hiéroglyphique – Cursive – Hiératique – Démotique – Copte.
On peut aussi distinguer deux sous groupes: le hiératique anormal (Basse Epoque) et le ptolémaïque (lagides).
Un autre point important pour les scribes est l’acquisition de l’écriture, ils écrivaient en premier par le hiératique, et ensuite ils transposaient le texte en hiéroglyphes.
Ce qui explique certaines confusions de signes, mauvaise adaptation de l’hiératique à l’hiéroglyphique.
Depuis 1894 [Griffith-Petrie 1889], nous avons la chance de posséder un papyrus trouvé à Tanis, qui nous donne une correspondance et description en hiératique des signes hiéroglyphiques.
Langue
La langue est classée par les Egyptologues dans le groupe Chamito sémitique, encore appelée afro-asiatique.
Cette langue est à prépondérance sémitique, mais puise de nombreux emprunts aux langues types berbère, couchites etc… que l’on classe en Hamitique [Vycichl 1972].
On a la chance d’avoir une langue écrite dont on peut suivre l’évolution sur plus de 4500 ans.
Les Egyptologues la décomposent en deux grandes phases :
- L’Egyptien de la première phase qui couvre l’Ancien Egyptien et le Moyen Egyptien. C’est une langue avant tout synthétique qui privilégie les formes verbales, avec absence d’article.
L’ordre des mots est : Verbe – Sujet – Objet.
L’Ancien égyptien puise ses origines dans le pré et proto histoire, ainsi qu’à l’époque thinite. On peut estimer l’apparition du Moyen égyptien dans le courant de la VIème dynastie. - La langue de la deuxième phase couvre le Néo Egyptien, le démotique et le Copte.
C’est une langue analytique, portée sur la syntaxe.
L’ordre des mots est : Sujet – Verbe – Objet
C’est un système temporel. La marque de subordination est explicite, alors que pour la première phase elle est plus implicite.- Le Néo puise ses racines dans la Deuxième Période Intermédiaire. La stèle de Kamosé présente des tournures grammaticales qui annoncent le néo-égyptien.
Il s’agit en fait de la langue parlée du peuple qui comme toujours fait vivre et évoluer une langue. Elle se confirme vers l’époque d’Amarna et prend sa pleine puissance aux époques post-amarnienne et ramesside. - Le démotique commence à apparaître vers la XXVIème dynastie
- Le copte apparaît vers le IIème siècle de notre ère et sera employée comme langue vivante jusque vers le XVIème siècle. Le copte survit de nos jours comme langue liturgique.
- Le Néo puise ses racines dans la Deuxième Période Intermédiaire. La stèle de Kamosé présente des tournures grammaticales qui annoncent le néo-égyptien.
Les Égyptologues ont pris l’habitude de classifier les textes en 5 grands groupes :
- Textes de la pratique (celle du peuple, correspondances)
- Textes autobiographiques (beaucoup sur parois de tombeaux, de stèles)
- Textes littéraires (Véhiculer le savoir (tout ce qui est pédagogique, les Hymnes, textes religieux), les Belles lettres)
- Textes de l’Idéologie royale (actes de pouvoir et de propagande, le roi agit dans une création du monde inachevée et doit donc mémoriser ses actes)
- Le Moyen Égyptien survit jusqu’à l’époque romaine, essentiellement dans les textes des temples (royaux et religieux), c’est ce qu’on appelle l’Égyptien de tradition.
La coexistence de ces langues induit une diglossie de la part des scribes. Pour ce faire ils utilisaient des glossaires et des tables de correspondance [Brugsch 1865]
Un exemple de diglossie : Enseignement d’Any (Tablette Berlin 8934), exemple rare ou le titre est traduit en Néo-Egyptien [Quack 1994](p.278).
Moyen Égyptien
Commencement de l'enseignement par l'exemple
qu'a écrit le scribe Any
Néo-Égyptien
Le début des enseignements par l'exemple
qu'a écrit le scribe Any
du château de Nefertary