Les ouchebtis / chaouabtis

Cet article décrit les statuettes funéraires tant de manière diachronique que philologique. S'appuyant sur la bibliographie, la webographie et l'iconographie disponibles sur Internet et en bibliothèque, il vise à fournir au lecteur une vulgarisation synthétique renvoyant aux ouvrages de référence pour aller plus loin.

1. Introduction

1.1. Objet faisant partie du mobilier funéraire

Pour l’accompagner dans l’Au-delà, le défunt égyptien s’entourait de tout un arsenal d’objets, peints ou sculptés, qui lui permettaient de survivre et de se nourrir dans la Douat.
Après la 6e dynastie, les porteurs et les porteuses d’offrandes sculptés sur les parois des tombes se firent statuettes de bois peint dont le succès allait donner les innombrables modèles que l’on voit dans nos musées. Mais c’est surtout l’effondrement de l’Ancien Empire, très impressionnant qui fit que l’Égyptien doubla dès lors sa momie d’une statuette impérissable, le défunt embaumé tel Osiris ressuscité.

Ce nouveau type de figurine, issue de la statuaire, la renouvelle bientôt par l’adjonction d’un texte magique enveloppant sa gaine de momie.

1.2. Apparaît au ME dès la XIIe dynastie (à cette époque, généralement un exemplaire par personne)

Au début du Moyen Empire apparaissent des figurines à l’image du défunt, modelées dans de la cire ou de la terre, enveloppées de tissus, elles sont déposées dans un sarcophage miniature et paraissent être un substitut de la momie. Bien qu’elles soient le plus souvent anépigraphes, un nom est parfois inscrit permettant d’identifier le défunt qu’elles représentent.






Petits sarcophages enveloppés de tissus
Musée du Caire - © Vincent Euverte
 

Ouchebtis en sarcophages bois peint
Musée de Bruxelles
© Philippe Touzard
 

19-20e dynasties
Musée du Louvre - Photo © Touzard


Ce n’est qu’à la fin de a 12e dynastie et pendant la Deuxième Période Intermédiaire qu’un texte est inscrit sur la statuette, il s’agit des premières versions du chapitre 6 du Livre des Morts. Le petit personnage n’est plus un simple simulacre du cadavre ; toujours gainé dans son linceul à l’image d’Osiris, il devra assumer dans l’Au-delà, à la place du défunt, un certain nombre de tâches agricoles.

Au Moyen Empire, il n’y a qu’un ouchebti pour tenir lieu de substitut au mort, anépigraphe ou inscrit. Dans ce cas, il porte le nom et les titres du défunt ; parfois une formule d’offrandes à Osiris : « offrande que donne le roi à Osiris... ».

1.3. Développement au Nouvel Empire (un pour chaque jour de l’année et un dizainier car la semaine égyptienne est décadaire), mais parfois plus de 800 (ils sont alors tout petits)


Ouchebti de Ramses IV - 20e dynastie
Musée du Louvre - © Philippe Touzard
Ici il s’agit du Chapitre 6 du Livre des morts.


Les ouchebtis semblent disparaître sous la domination Hyksos. Ils réapparaissent à la 17e dynastie, souvent faits de bois, très frustres, voire informes. Encore peu nombreux ils vont se multiplier alors que s’impose le chapitre 6 du Livre des Morts. Strictement momiforme, on lui adjoint la représentation d’instruments aratoires disposés à ses côtés : la houe, l'hoyau, un sac, un moule à brique ; il est devenu un serviteur dévolu aux tâches domestiques et agricoles.

Formule pour faire effectuer les travaux dans l'autre monde par le serviteur funéraire

O serviteur, si l'on réquisitionne [nom du défunt] pour effectuer tous les travaux qui sont à faire
dans le monde des morts à titre de corvée, ce sera à toi d'en assumer la charge,
pour cultiver les champs, irriguer les rives, transporter le sable d'est en ouest et inversement.
Alors tu diras "présent" quand on fera appel à toi à quelque moment que ce soit.

Peu à peu le corvéable dégage ses mains du linceul et porte les instruments de ses corvées.

 
 
 
 

À gauche, les outils sont bien représentés : on voit une corde qui laisse présager un sac dans le dos.
Le second tient un gros sac. Au centre, la tenue des outils est assez originale.
Musées de Berlin (gauche) et Bruxelles (centre et droite) - © Philippe Touzard


Les statuettes se multiplient pendant la 18e dynastie. Les rois les adoptent, les mains sont vides ou portent les insignes régaliens : flagellum et crochet. Les matériaux sont très divers (faïence, pierre, albâtre). Les coiffures varient, des perruques apparaissent.


Ouchebti de la maîtresse de maison Henoutaneb
18-20e dynasties
Musée de Turin - © Philippe Touzard

 

Ouchebti d’Amenhotep III - 18e dynastie
granit rose - Musée du Louvre
© Philippe Touzard


À l’époque amarnienne, ils se raréfient mais ne disparaissent pas. Un hymne à Aton remplace le chapitre 6 du livre des morts.

Une formule de l’époque amarnienne

Que le roi apaise l’Aton vivant, qu’il illumine toute la terre de sa perfection,
afin qu’il donne le doux souffle (de vie) du vent du nord, un temps de vie élevé, dans le bel occident :
des libations, du vin, du lait sur la table d’offrandes de sa tombe pour le Ka du [fonction du défunt] [nom du défunt] qui renouvelle la vie.

A partir de Toutankhamon, ils portent souvent des perruques de vivants.

Pendant la 19e dynastie, sous Ramsès II, les ouchebtis revêtent un costume d’apparat à grand pagne plissé, « le costume des Vivants » ; ils deviennent contremaîtres d’une dizaine d’ouchebtis momiformes. Ce sont les dizainiers.

1.4. Usage jusqu’à l’époque ptolémaïque

Les attributs du dignitaire en « costume des vivants » sont le nœud d’Isis, le pilier-djed, le signe « ankh » et l’oiseau-âme, le ba.

 

Khaemouaset, fils de Ramsès II (Serpentine)
Musée du Louvre - © Philippe Touzard
 

Plus rare, présentation d'Hathor
Musée de Turin - © Philippe Touzard


Les époques tardives

À la Troisième Période Intermédiaire, les ouchebtis tendent à s’uniformiser avec « la faïence bleue de Deir el-Bahari ». On prévoit désormais un corvéable par jour de l’année, soit 365, commandés par 36 dizainiers, permettant d’atteindre le nombre de 401. Jusqu’à l’époque ptolémaïque, quantité de tombes vont recéler un nombre approchant les 400 figurines.


Ouchebtis de la Troisième Période intermédiaire
Musée de Turin - © Philippe Touzard
 

Époque ptolémaïque
Musée de Turin - © Philippe Touzard


2. Définition d'un ouchebti

2.1. Évolution de la dénomination

NB.: si chaouabti, peut-être évocation du bois-choub = perséa ? ; quant à ouchebti, référence au mot ousheb = répondre.

C’est à la Troisième Période Intermédiaire que l’on assiste à une réinterprétation du nom de la statuette funéraire. Le chaouabti, corvéable, devient ouchebti, le « répondant ». C’est Pinedjem II, 21e dynastie, l’organisateur de la « cachette royale » de Deir el-Bahari, qui fut l’auteur du jeu de mot « ouchebti » ( répondant ) pour remplacer l’antique dénomination « chaouabti » (de bois).

2.2. Remplaçant du défunt dans les corvées agricoles de l’Au-delà

3. Matériau

3.1. Bois


Chaouabtis très primitifs
Musée de Berlin - © Philippe Touzard
 
 

Yuya et Thuya - 18e dynastie
Musée du Caire - © Vincent Euverte


3.2. Pierre


Ouchebtis de Ramsès VI dits « à contours perdus » sculptés dans l’albâtre
Musée du Louvre - © ???
 

Vizir Pazer (Diorite)
Musée du Louvre
© Philippe Touzard
 

Roi Senkamanisken (Serpentine)
Musée royal de Mariemont
© Philippe Touzard


3.3. « Faïence »

 
 

Scribe royal Huy - 18e dynastie - Musée du Caire - © Vincent Euverte

4. Évolution de la forme et des attributs des statuettes

4.1. Exemplaires royaux

 
 
 

Toutankhamon - Musée du Caire - © Vincent Euverte
 

Ouchebti de Séthy Ier
Faïence égyptienne bleu intense avec détails peints en noir
Cet ouchebti du roi porte un sac sur son dos.
Musée de ??? - © Philippe Touzard


4.2. Exemplaires des particuliers


Ouchebti double en gisant
Musée du Louvre
© Philippe Touzard
 

Ouchebti double, Houy avec son fils
Musée de Turin - © Philippe Touzard


4.3. Distinction entre les exemplaires destinés à un défunt ou à une défunte


???
Musée de Bruxelles - © Philippe Touzard


4.4. Distinction entre les serviteurs funéraires « simples » et le dizainier

4.5. Évolution de la présentation (en momie, puis en vivant)


???
Musée du Louvre
© Philippe Touzard
 

???
Musée du Caire
© Vincent Euverte
 

4.6. Évolution des attributs

5. Formule magique

5.1. Texte sur les exemplaires du Moyen Empire

Voir corpus

5.2. Texte sur les statuettes du Nouvel Empire

Chap. VI du Livre des Morts

5.3. Variantes

Pour aller plus loin

Bibliographie

Webographie